Avec le nouveau programme européen Dairy-4-Future ciblé sur la résilience, 11 instituts techniques de 5 pays de l’Arc-Atlantique vont unir leurs forces pour augmenter la résilience des élevages laitiers.
Comme l’a dit, le 8 janvier au lancement du programme Dairy-4-Future, Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la FNPL et représentante des fermes pilotes, «ensemble, on est plus forts ». 11 instituts techniques (1) de 5 pays de l’Arc Atlantique – le Royaume-Uni, l’Irlande, la France, l’Espagne et le Portugal- unissent, pour 4 ans, de 2018 à 2021, leurs forces pour collecter et diffuser les connaissances qui permettront aux élevages laitiers d’augmenter leur résilience face à la volatilité des cours. En plus des compétences de leurs experts, les 11 instituts vont s’appuyer sur un réseau de 100 fermes connues pour leurs pratiques innovantes. 20 d’entre elles se trouvent en Normandie, Bretagne et Nouvelle-Aquitaine.
Diffuser les pratiques innovantes
Si le travail se concentre sur l’arc Atlantique, de l’Ecosse aux Açores, c’est que cette zone représente 20% de la production laitière européenne avec des problématiques proches d’un pays à l’autre. Le climat favorable à la production fourragère permet aussi d’y envisager une augmentation des litrages. L’Ouest de la France envisage une croissance de 20% entre 2015 et 2020. Quant à l’Irlande c’est un gain de 50% qui est espéré entre 2010 et 2020. Pour y arriver, encore faut-il que tous les maillons de la filière progressent. Le programme Dairy-4-Future a pour objectif d’apporter des solutions aux acteurs amont et aval de la filière pour améliorer la durabilité des systèmes. « Nous voulons augmenter l’efficacité économique des fermes laitières, tout en minimisant l’impact environnemental et en assurant le renouvellement des générations dans de meilleures conditions de travail », explique André Le Gall, de l’Institut de l’élevage, pilote de ce projet.
Tirer des recommandation voire des mesures incitatives
C’est par la connaissance et la diffusion de pratiques innovantes qui permettront de maximiser la rentabilité, d’améliorer l’efficacité technico-économique et de réduire l’empreinte carbone que les membres de Dairy-4-Future comptent accompagner les producteurs. Leurs travaux porteront également sur la transformation, au travers de stratégies de démarcation, d’innovation produits, d’exploration de nouveaux marchés. Des innovations détectées, ils comptent également tirer des recommandations, voire des mesures incitatives pour les futures politiques régionales.
Un financement européen Interreg de 3,9 millions d’euros pour les 4 années
Pour que toute la filière progresse, les savoirs acquis pendant le projet seront diffusés à tous ses acteurs, via un site internet et les réseaux sociaux, par des rencontres, des portes ouvertes dans le réseau des 100 fermes pilotes innovantes. « Nous allons créer une « dairy community » pour regrouper tous ceux qui font avancer la production laitière », ambitionne André Le Gall.
Pour concrétiser tout cela, le programme Dairy-4-Future bénéficie d’un financement européen Interreg de 3,9 millions d’euros pour les 4 années. « Au terme du programme, nous espérons améliorer de 3 milliards la rentabilité de la filière laitière, affiche déjà André Le Gall. C’est possible en augmentant de 10% la production, en baissant les coûts de production de 5 centimes/litre et en gagnant 2 centimes de plus value ». Sur cette partie budgétaire, se pose la question du Brexit. En cours de programme, le Royaume-Uni quittera l’Union européenne. « Ca ne remet pas en cause sa participation au programme, rassure André Le Gal. Les fonds Feder, avec la contribution britannique, comme la validation du projet, ont été votés avant le Brexit. Pour des travaux ultérieurs, on pourra continuer à travailler ensemble, sous forme de coopération scientifique, comme on le fait avec nos collègues suisses ».
(1) la liste des partenaires
Le pilotage de Dairy-4-Future est assuré par l’Institut de l’élevage. Y participent : SRUC (Ecosse), CAFRE (Irlande du Nord), AHDB (Pays de Galles), Teagasc (Irlande), INRA, Chambre d’agriculture de Bretagne, Neiker (pays Basque), Ingacal (Galice), UTAD (nord du Portugal), ISA (Centre du Portugal et Açores). S’y ajoutent 21 partenaires
Quel lien avec Eurodairy?
Alors que le programme Euro Dairy, qui travaille sur des problématiques proches mais dans 14 pays, doit finaliser ses recherches fin 2018, pourquoi ne pas prendre la suite ? « A cause des méandres des financements européens, regrette André Le Gall. Quand on a bénéficié du financement d’un programme, il est très difficile d’y prétendre à la suite pour un nouveau projet». Un peu comme si l’Europe vous reprochait de ne pas avoir réussi à tout faire en une fois… « Euro Dairy a bénéficié des financements H2020, plus axés sur la recherche, retrace le spécialiste. Dairy-4-Future est un projet Interreg, qui bénéficie de fonds Feder, axés eux sur la cohésion territoriale, dans notre cas de l’Arc Atlantique ».
Faisant fi des opacités communautaires, les scientifiques font le lien entre les différents programmes. «Nous ne partons pas d’une page blanche et nous voulons éviter les duplications avec les précédents programmes. Même si les zones géographiques ne sont pas identiques, nous nous appuyons sur les précédents programmes européens. Nous allons utiliser les outils développés dans le cadre d’Euro Dairy, programme avec lequel 6 partenaires sont communs, par exemple pour le calcul des équivalences carbone ».